L'arrivée d'un "beau-papa" ?

Messages : 9 Date d'inscription : 16/05/2012 Age : 59

Il avançait sous la pluie, courbé, le capuchon de son ample manteau relevé sur la tête. La monture arrachait lourdement ses sabots à la boue, à chaque pas qu'elle faisait. L'homme était accablé, visiblement...mais si seulement c'était la faute au temps ! Car non, cette pluie, avec ces nuages si sombre qu'en plein après-midi l'on se croyait presque la nuit, il en avait eu l'habitude -et les habitudes se perdent difficilement.

Lui-même et son cheval ne se distinguaient guère du reste des ombres, d'ailleurs. Tout un ensemble d'ébène. Comme son humeur...

Par "Son" nom bien-aimé !! Comment en était-il arrivé là ???
La vie était si simple, avant qu'il n'arrive à Compiègne. Trente-cinq ans d'habitude à une souffrance quotidienne. A la fin, il ne la sentait même plus que très sourdement. Et il avait toujours été prêt à voir les laquais des "robes de bure" débarquer dans sa tente pour le saisir et l'emmener. "Hérésie". Un jugement qui vous menaçait perpétuellement de mort. Mais quelqu'un qui avait été aussi longtemps soldat que lui ne craignait que rarement la mort. On s'y habituait, aussi. On la souhaitait, même, souvent. Le guerrier qui combattait plusieurs années au moins se retrouvait vite à choisir entre deux possibilités seulement: croire pour espérer, ou ne pas croire en voyant l'horreur ? La seconde voie, c'était l'hérésie. Peu importait.
Mais oui, au regard d'aujourd'hui, cette vie avait été bien plus facile. Moins de soucis. Et surtout, il n'avait alors personne à aimer. Aujourd'hui...

Aujourd'hui, il était littéralement écartelé par toutes ces personnes auxquelles il tenait. Lylla était brisée quand il avait accepté de la suivre dans le Sud-Ouest; et c'était aussi son devoir, et un soldat ne réussit que rarement à se délier de cette notion. Et maintenant, Marjo lui annonçait qu'Enelia était morte, et qu'elle-même se reconstruisait -une fois de plus. Il avait manqué à certains de ceux qu'il aimait pour ne pas manquer à d'autres. Sang noir, que c'était compliqué...

Il se surprit à penser à repartir...tourner le dos à tout et tous...retourner guerroyer...l'ost française ne l'accepterait peut-être plus, désormais, mais il baragouinait l'hispanique, le germanique, l'italien, l'anglois, l'hollandais...il n'aurait eu aucun mal à se trouver une place de sergent, ou même de maître d'armes, dans des armées comptant l'une ou l'autre de ces langues.
Mais comment les abandonner tous ? Non, s'en aller ainsi pour son ancienne vie, il ne le pourrait pas...

Ses pensées se tournèrent à nouveau vers la lettre de sa fille adoptive. Et l'inquiétude remplaça le doute et le déchirement. Marjo... A chaque déception, elle semblait plus prompte encore que la fois précédente à trouver quelqu'un pour se reconstruire. Pour être détruite encore plus vite. Alors, quand elle lui écrivait que celui-là était mille fois mieux que les autres...comment ne pas douter ? Elle avait toujours mis en valeur son nouvel amoureux...
Lui n'avait connu qu'une fois ce genre d'amour. Tardivement, et peu de temps. Et depuis, il s'en était à nouveau défié comme de la peste. Quitter l'ost ne l'avait pas changé, au final. Il n'était donc pas le mieux placé pour donner des conseils. Par contre, il pouvait juger de façon assez objective.
Mais quoi faire d'autre qu'espérer que Marjo ne serait pas déçue, cette fois ? Pas grand chose...pas grand chose...

La monture s'arrêta, et l'immense forme noire de sept pieds et demi de hauteur se laissa tomber au sol. La porte du domaine recherché. Ignorant la sonnette, il donna deux lourds coups de poing contre la porte, tandis que dans le mouvement, l'immense lame qui pendait à son flanc gauche cognait contre sa jambre...

Volkova Messages : 49 Date d'inscription : 29/04/2012

Tandis qu’Aléa s’apprêtait à aller ouvrir en maugréant, son aînée, Lena, se précipita vers elle telle une furie, ignorant que quelqu’un attendait.

- Aléa ! Espèce de petite peste ! Viens-là ! Tout de suite !
- Quoi ? Qu’est-ce qui t’arrive encore ? Demanda la blonde, feignant d’ignorer la raison de la colère de sa sœur.
- Quoi ? Mais tu t’fous de moi ! Tu sais très bien c’qu’il y a !

Aléa soupira et la regarda, arquant un sourcil, sans rien dire, alors que Elena continuait de s’énerver toute seule. C’en était presque comique d’ailleurs…

- T’as encore fouillé dans ma chambre ! Mais tu t’emmerdes pas hein !
-Nan mais t’pas bien toi… T’viens m’hurler d’ssus pour ça ? T’as un sérieux problème ma pov’. J’cherchais juste d’quoi écrire. Et surtout lire les lettres reçues par Nathaniell mais cela, elle se garda bien de le dire.
- Et t’étais obligée de tout retourner ? T’aurais pas pu venir me demander ?
- Fous-moi la paix ! C’pas dramatique. Pis y a quelqu’un qu’attend là. Et elle désigna le portail d’un coup de tête.
- Je vais aller ouvrir et toi, tu vas ranger le foutoir que t’as mis. Et de s’approcher de sa petite sœur, de la prendre par le bras et de la pousser pour qu’elle y aille. Allez ! Dégage maintenant !

La blonde ne broncha pas et repartit vers la maison, d’un pas pressée, remontée contre Lena. Cette dernière haussa les épaules, la regardant s’éloigner. Une fois qu’Aléa fut entrée dans la demeure, la brunette alla ouvrir. Elle regarda devant et vit une énorme masse. Elle releva la tête et découvrit un homme. Non ! Que dis-je, un géant ! Elle le détaillait, le dévisageait, le regardait de haut en bas et de bas en haut. Impressionnant, vraiment… Jamais elle n’avait vu un homme aussi grand. Même le sien, à côté de lui, paraissait être un nain.

Et se raclant la gorge :

Je peux faire quelque chose pour vous ?

Messages : 9 Date d'inscription : 16/05/2012 Age : 59

La fine ouïe de l'homme avait perçu des cris...féminins, pas de doute. Dispute, sûrement. De quelle nature ? Impossible à savoir: la "conversation" avait lieu trop loin... Après un instant de silence, la porte s'ouvrit, sur l'homme détrempé, lui révélant une jeune blonde. Jeune blonde qui le regardait d'un air...d'un air...ahhh, oui !

Elle avait à peine terminée sa question qu'il leva la main droite pour rabattre la capuche du manteau noir, voulant ainsi paraître moins inquiétant....à voir si ça réussirait. Car, comme d'habitude, il révélait ainsi son visage pour le moins antipathique.
Des cheveux coupés à ras encadraient le haut de la tête, comme un fin bandeau grisé, tant la peau se voyait entre les poils. Tout au contraire des cheveux, après un front haut, l'on pouvait s'arrêter sur les épais sourcils sombres, qui ne formaient presque qu'une large barre. Laquelle dominait deux petits yeux d'un vert émeraude, profondément enfoncés dans leurs orbites, presque plongés dans l'ombre. Les deux yeux encadraient un nez long, fin et aquilin, qui dominait des lèvres fines, et si ternes qu'elles en paraissaient brunes. La bouche était entourée par une barbe complète, d'un noir d'ébène sur lequel commençait à paraître quelques fils argentés; la barbe se terminait en pointe au niveau du haut du torse.
Mais dans ce visage hostile, qui ne semblait pas savoir sourire, ce qui accrochait sans doute le premier regard, c'était les innombrables cicatrices argentées et très fines qui parsemaient toute la peau...peau d'une pâleur cadavérique, ce qui ne faisait que mieux ressortir la barbe et les sourcils...
La main qui se rabattait le long du flanc, abritée sous un gant de cuir noir, ne révélait pas qu'elle était aussi constellée que le visage...

L'immense carcasse prit une demi-seconde pour détailler la jeune femme. Puis les lèvres brunâtres s'entrouvrirent, et l'éclat de dents d'une blancheur parfaite scintilla tandis qu'elles laissaient filtrer une voix grave et profonde, qui se contraignait visiblement à la voix basse:

- Le bonjour, damoiselle. Je souhaite voir Marjo et...

La main droite plongea dans le manteau et en ressortit avec un parchemin, tout chiffonné d'avoir été lut maintes fois. Les émeraudes se fixèrent un instant sur le parchemin avant de revenir sur la jeune femme.

- ...sire Vitali. Je crois savoir qu'ils résident ici, à moins de m'être trompé ?

Messages : 7 Date d'inscription : 16/05/2012

La petite Esmé avait jouer trops longtemps et s'était retrouvé piégée par la pluie et incapable de trouver la porte d'entrée. Soudain elle aperçu deux silhouette et se précipita vers elles, nullement impressionée par le géant elle ne le reconnu néanmoins pas immédiatement et se dirigea vers Lena. Quand elle fut aux pieds de la jeune femme elle leva les yeux vers le géant, un grand sourire apparu sur son visage et elle bondi vers lui, se précipita dans ses bras en criant :

- Papiiiiiiiiiiii !!!!

Volkova Messages : 49 Date d'inscription : 29/04/2012

La brune plissa les yeux lorsque le géant sourit. Jamais elle n’avait vu une dentition pareille. Dans quelques siècles, on pourrait nommer cela un « sourire colgate ».
Note pour plus tard : Demander comment il faisait pour avoir des dents parfaitement blanches et ne surtout pas oublier de le dire à Nathaniell.

Le géant n’était pas perdu comme l’aurait cru Lena. Elle hocha doucement la tête et esquissa un sourire. En effet, la compagne de son petit frère était arrivée il y a peu. Et la jeune femme espérait que Vitali la prendrait pour femme. Non parce qu’avoir Amelze comme belle-sœur, ce n’était pas un cadeau. Cette dernière n’avait pas la lumière à tous les étages. Il devait même y avoir eu pénurie de bougies tant elle était atteinte. Lena avait gardé la lettre que sa pseudo belle-sœur lui avait fait parvenir, celle où elle l’accusait d’avoir « tué » son mari et de lui « voler » ses enfants. Quoi que, cette dernière chose n’était pas totalement fausse. A ces quelques souvenirs, la brune pouffa de rire. Puis elle s’arrêta net, se racla la gorge et demanda pardon.

Encore une fois, Lena détailla le géant de la tête aux pieds et des pieds à la tête. Elle sourit en coin. Il était pas mal. Vraiment pas mal. Même s’il n’arrivait pas à la cheville de Nathaniell. Mais cette dernière remarque est totalement subjective. Tout le monde sait très bien que l’amour annihile la partie objective du cerveau. Donc ça ne compte pas. Et ça ne se discute pas. Mais je m’éloigne du sujet initial, donc reprenons.

La jeune femme ouvrit la bouche, inspira et… se fit couper par Esmeralda. Elle fronça les sourcils, s’apprêtant à lui demander si sa mère ne lui avait pas appris à ne pas couper les adultes lorsqu’ils parlaient entre eux mais elle renonça. Elle haussa les épaules et garda le silence quelques secondes avant de reprendre.

Je disais donc que Vitali habite bien ici et que Marjo est effectivement là aussi. Et qui dois-je annoncer ?

Messages : 9 Date d'inscription : 16/05/2012 Age : 59

La jeune femme s'apprêtait à répondre, après quelques secondes apparemment plus ou moins perdue dans ses pensées quand...quand une petite tornade surgit et se jeta dans les bras que lui lui avait offerts, se baissant à la hauteur de la petite, pour la mieux lever en l'air et la serrer contre lui, espèce de gros ours qui serait la gamine contre son manteau -lequel faisait donc office, en quelque sorte, de fourrure. Les lèvres se posèrent affection sur chaque joue de la petite, avec un petit rire:

- Par ma lame, ma petite Esmé, tu es devenue une fort jolie demoiselle !!

Et de remettre une bise sur chaque joue, avant de la caler dans son bras et de tourner à nouveau les yeux vers Lena:

- Pardon...Lupus, s'il-vous-plaît. Et comment puis-je vous nommer ?

Messages : 7 Date d'inscription : 16/05/2012

La gamine était toute joyeuse d'avoir retrouvé son grand père et se fichait pas mal de couper la parole. Ses petits bras entourant le cou de Lupus Elle l'écouta se présenter et décida de répondre a la place de Lena.

- C'est Lena ! La grande soeur de Viti ! Elle est zentille, elle m'a gardé des fois ! Viti aussi il est zentil ! Et pis la c'est la maison de la famille de Viti ici ! Mais ze sais pas comment c'est dedans pasque ze suis partie zouer et pis apres ze savai plus ou est la porte. Mais ze sais que c'est très très grand et meme que z'ai une chambre avec des fées et des z'étoiles au plafond ! Comme celle de la taverne de Maman qu'elle a peint avec tonton Fal ! Mais Maman elle peut plus peindre le plafond, elle doit etre saze, comme moi ze suis saze ! T'etais ou Papi ? Ze t'ai pas vu depuis treeees longtemp ! Mais ze t'ai pas oublié ! Z'oublie pas moi !

Ravie, la gamine continuai de raconter tout et n'importe quoi a son grand pere, rattrapant ainsi tout ce qu'elle n'avait pas pu lui dire pendant ces derniers mois.

Guidé par les voix bien reconnaissables d'Esmeralda et de Lena, Vitali se pointa en s'aidant de son bâton pour se guider. Il avait laissé aller sa chienne dans le parc. Mais cette dernière l'avait repéré et vint immédiatement rejoindre son maître. Elle vint lui lécher la main en marque d'affection. Le jeune aveugle sourit, se baissa et la caressa.

Ma brave Shura...

Puis il se releva et rejoignit le nouvel arrivant, sa soeur et la fillette.

Ah bien, t'es là, Esme !

Il fit un sourire affectueux à la petite.

Ta maman est dans la maison, si jamais...

Puis il sourit à sa grande soeur, avant de s'adresser à l'inconnu, toujours autant souriant. Pour qu'Esmeralda soit si heureuse, cela devait être quelqu'un qu'elle connaissait bien.

Bonjour !

Il s'inclina poliment devant l'homme, espérant que ça soit lui le père de sa moitié.

Je suis Vitali. Soyez le bienvenu chez nous.

Volkova Messages : 49 Date d'inscription : 29/04/2012

Moi j’suis L… Commença-t-elle avant qu’Esméralda la présente toute seule. Elle esquissa un sourire et ébouriffa les cheveux de la petite.

Oui, voilà, je suis Lena. Lena Volkova. La sœur de Vitali.

La jeune femme sourit au géant, toujours aussi impressionnée par sa grande taille. Jamais elle ne s’y ferait. Il était le genre d’homme à ne pas embêter, au risque de se prendre une tarte et de voir sa tête se décrocher de ses épaules. Enfin… c’est ainsi qu’elle imaginait les choses. Non parce que, voyez-vous, s’il elle avait eu quelque chose entre les jambes, elle n’aurait pas faire sa « warrior » devant un bonhomme comme ça.

Vitali fit son apparition. Lena se retourna et sourit. Elle posa une bise sur sa joue, même si elle l’avait déjà croisé dans la journée.

Viti, voilà Lupus. C’est un… C’est le… à ce que j’ai cru comprendre, c’est le « papi » d’Esméralda. Il vient vous voir, Marjo et toi.
Bien, étant donné que tu es là, je te laisse accueillir ton invité comme il se doit. Je vais préparer de quoi vous désaltérer messieurs.

Et de tourner les talons pour se rendre dans la maison.

Vitali rendit sa bise à son aînée et lui répondit de sa voix douce.

D'accord Lena, je m'occuper de lui, merci.

Il la remercia pour son attention d'aller préparer à boire.

Lena ? Prépare ce qu'il y a de mieux, je te fais confiance.

Il lui sourit gentiment puis se retourna face à Lupus et lui adressa un sourire.

Marjo va être heureuse de vous voir. Et ma famille, de vous accueillir.

Venez seulement, allons au salon, vous y serez mieux.

Il invita Lupus d'un geste aimable puis, tenant sa chienne par son collier, se laissa guider jusqu'à la maison par elle, tout en veillant que Lupus le suivait.