Le Brun et son légendaire sens de l'orientation...

Prenant un vélin, une plume et un encrier, Lena se mit à son bureau et rédigea une lettre à sa Pièce Rapportée.

Citation :

Mon amour,

Comme tu le sais, après notre attaque en Champagne, j’ai décidé de me retirer dans mon domaine afin de me reposer. J’en avais besoin. Et je suis terriblement désolée d’être partie et de t’avoir laissé sans nouvelle. Ce n’était pas juste.

La jeune femme s’arrêta et réfléchit à ce qu’elle pourrait bien écrire. Elle pourrait s’épancher par écrit ou être lapidaire, au risque de paraître méchante à travers ce parchemin qu’elle ferait envoyer à son compagnon au plus tôt.
Et après un long moment à rester devant son parchemin, elle décida de se laisser aller…

Citation :

J’espère que tu ne m’en veux pas…

Bon, passons. Nous n’allons pas rester là-dessus des plombes.

Il me semble t’avoir indiqué le chemin à prendre pour venir chez moi. J’espère que tu t’en souviens. Ci-joint une carte du royaume. Il y a deux villes entourées : celle où tu trouves et celle où je me trouve. La flèche va du point A au point B. Tu suis le chemin indiqué et non un autre. Je connais ton sens de l’orientation légendaire et tu serais capable de te retrouver à l’opposé de ta destination. Surtout, fais attention à tenir la carte à l’endroit. Et sois prudent sur les chemins. Je ne voudrais pas te retrouver amoché comme toi tu m’as trouvée.

Je t’embrasse,

Elena.

La brune plia la lettre, y joignit la fameuse carte qui, elle l’espérait, aiderait Nathaniell à trouver le domaine et l’expédia par coursier.

Le brun esquisse un sourire quand le coursier lui amène la missive. Avec un peu de chance ... Et bingo ! Oui, enfin des nouvelles !Pour une fois qu'il a du bol le petit Nath. enfin, même si ce n'est pas vraiment de la chance sur le coup ... Enfin bref, il ne va pas se faire attendre pour la réponse. Un vélin, une plume et de l'encre, et c'est parti. Il saura exactement quoi lui dire cette fois. Il avait pensé à l'enguirlander au début ... Mais non. Tout le monde sait qu'il ne pensait ça que sur le coup de l'inquiétude. Bah, en même temps, même lui se voit mal lui faire des reproches ...

Citation :

Ma chère Lena,

D'abord, je te signale que je n'ai pas un si mauvais sens de l'orientation !!! Et puis je sais tenir une carte à l'endroit !!! Je sais très bien que le nord est en bas et que le sud est en haut, pour qui tu me prends ?! Et puis tu me connais non, je suis toujours prudent. J'avais dis qu'il fallait pas passer par Compiègne ... Parce que maintenant je suis de nouveau loin de toi. Mais peu importe, j'arriverai bientôt. Je me mets en route dès ce soir. J'espère que tu vas bien et que tu te repose bien. J'ai hâte de te serrer contre mon cœur.

A bientôt mon ange,
Je t'aime,
Encore un mot,
Nath

Il met peu de temps à renvoyer le coursier avec un peu de sous et sa lettre. Il espère qu'elle arrivera dans les plus brefs délais. Il prépare ses affaires, n'a-t-il pas dit qu'il partait le soir même ? Et ben si, alors c'est ce qu'il fait. Il a hâte de voir sa belle. Il pourrait bien marcher un millier de lieues pour la voir. Il pourrait bien marcher un millier de lieues pour la serrer dans ses bras. Non non, ce n'est pas tout fait, je vous assure !
Enfin bref, le brun se met en marche. Heureusement qu'il a la carte hein ? Oui, le nord est en bas et le sud est en haut ...

[Quelques jours plus tard.]

Le coursier revint, pli à la main. Lena le remercia grassement, lui donnant un bon petit paquet d’argent. Elle l’invita à entrer et lui donna à boire et à manger, lui proposant de se reposer un peu dans l’une des chambres de libre. Et il accepta. Il repartirait très certainement le lendemain avec une nouvelle lettre. De toute façon, le temps que Nathaniell retrouve son chemin, il aurait le temps.

La jeune femme remonta dans sa chambre et lu tranquillement la lettre de son compagnon. Elle explosa de rire dès la première phrase. Quelle mauvaise foi il avait, cet adorable brun…
Lena sortit de quoi écrire et s’empressa de répondre.

Citation :

Mon amour,

Tu sais aussi bien que moi que tu ne sais pas tenir une carte à l’endroit, ni même que tu saches en lire une. J’aurais dû t’envoyer une escorte plutôt qu’une lettre. Oui parce que vois-tu, tu ne sais ni repérer le nord, ni le sud. Le nord est en haut, le sud en bas, l’est à droite et l’ouest à gauche. J’imagine que je serai obligée de venir te chercher. Mais ça ne me dérange point. Je suis totalement remise à présent.

Aléa a hâte de te revoir. Je crois que tu lui as fait bonne impression à Péronne. D’ailleurs, heureusement qu’elle est venue et qu’elle m’a raccompagnée au domaine. Je n’aurais pas pu me reposer correctement sinon.

A moi aussi, il me tarde que tu sois là. Bien que je sache que tu n’arriveras pas tout de suite. Si tu as besoin, dis-moi et je viendrai. Mais j’imagine que ta fierté de mâle en prendrait un coup. Est-ce que je me trompe ?

Je te laisse sur ces derniers mots et te dis à bientôt,
Je t’aime,

Elena.

Lena plia la lettre et partit s’occuper l’esprit. Le lendemain, le pli partirait. Et elle espérait que le coursier retrouverait son beau brun.

Dans sa chambre, Lena lisait le pli que le coursier venait de lui apporter. Ce dernier avait été laissé au bon soin de Yulia qui le restaurait et préparait une chambre pour qu’il se repose, avant de repartir de nouveau.
La brune sourit à la lecture de la missive. Elle aurait mis sa main au feu que son idiot de compagnon irait dans la direction inverse et qu’il se perdrait. Cette maladresse faisait craquer la jeune femme et la faisait rire. Il n’était pas doué et c’est ainsi qu’elle l’aimait. Et au moins, lorsqu’il arriverait, Lena aurait de quoi se moquer.

S’apprêtant à répondre, Aléa fit irruption dans sa chambre. Lena sursauta et en fit tomber son encrier sur le parchemin. Elle grimaça, fronça les sourcils, devint rouge et fusilla sa petite sœur du regard, remettant l’encrier comme il devait être et chiffonnant le parchemin sali. Puis elle souffla, agacée par le comportement de sa peste de sœur et se leva pour la foutre dehors.

Dégage d’ici ! Dit-elle froidement, la poussant vers la porte.
’Tin ! Mais arrête ! J’venais te d’mander un truc ! Et de se débattre pour que Lena la lâche. Et enfin, elle la lâcha…
T’as dix s’condes.
J’venais te d’mander ton encrier… mais visiblement, j’dois aller ailleurs hin hin hin !
Allez ! Dégage !
Au fait, à c’que j’ai cru comprendre, Nath s’est perdu… Z’êtes aussi pas doués l’un que l’autre hein. Et de sourire, un brin moqueuse. Un coursier fait des allés-r’tours et vous vous dites pas que PEUT-ETRE, Nath pourrait l’suivre ? Hin hin hin ‘spèces d’idiots. Et de partir, en riant, laissant Lena comme une abrutie dans sa chambre.

La blonde n’avait pas tort. Aucun des deux n’avait pensé à cela. C’était tellement logique… alors la brunette se remit à son bureau et écrivit une lettre à la va-vite.

Citation :

Nathaniell,

Peut-être ferais-tu mieux de suivre le coursier jusqu’à chez nous. Il t’escortera, sinon, tu n’es pas arrivé.
Franchement, tu aurais pu y penser… Tu n’as la tête à rien mon pauvre amour.

Fais bonne route et sois prudent,

Je t’embrasse, Lena.

Le lendemain, Lena expliqua au coursier qu’il devrait guider Nathaniell jusqu’ici. Elle lui donna la moitié de son « salaire » et lui promit l’autre moitié à son retour.